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L'Europe, malade de sa démocratie

L'Europe ? Un monstre technocrate ! Les politiques ? Tous pourris ! Les élections ? Inutiles ! Les étrangers ? Tous coupables ! La solution ? Euh… La crise paraît sérieuse. Mais les citoyens peuvent-ils cesser de se prendre pour des champignons ?

 

Dans quelques semaines, le 26 mai 2019, les citoyens de l'Union européenne pourront voter pour les candidats qui vont les représenter dans un Parlement multinational unique au monde. 

La possibilité d'être représenté est un fondement de la démocratie.

Le parlement européen vote des lois sur les grands projets que les Etats membres décident de faire aboutir en commun.

Qui décide des projets européens ? Les ministres et les chefs d'Etat, eux-mêmes désignés démocratiquement dans chaque pays membre de l'Union.

Dans plusieurs domaines, il faut que les Etats soient unanimes pour que les Institutions européennes travaillent : pour la fiscalité, par exemple. Simplifier le système des impôts en Europe passera par une réforme profonde. On en est loin.

Quand les Etats sont d'accord sur un sujet commun, la Commission européenne prépare les projets de loi, lesquels sont ensuite soumis aux parlementaires. Par conséquent, la Commission ne décide rien seule, contrairement à ce que l'on entend souvent. Elle ne fait qu'élaborer et proposer, sur la base de ce que les Etats lui demandent, et elle contrôle ensuite l'application des lois votées par les parlementaires.

Sans l'accord des députés européens, il n'y a pas de loi européenne.

La démocratie, dans un cadre multinational comme l'Europe est un système complexe, forcément imparfait. Les arguments et les débats sont parfois longs. Les grincheux et les critiques sont plus médiatisés que les avancées réelles.

Il aura fallu plus de 15 ans pour faire aboutir une réglementation européenne qui impose aux industriels de suivre et d'évaluer les risques chimiques liés à leurs productions. C'est l'un des grands volets de la protection des citoyens de l'Union, compétence aujourd'hui clairement fédérale. Qui s'en plaindrait ? Certainement pas les consommateurs. 

Dans cet exemple, comme sur bien d'autres sujets, le "système européen" montre un grand mérite : à chaque niveau, les responsabilités sont discutées, la démocratie (avec ses lobbies !) joue son rôle. "On" se parle pour tenter de résoudre les problèmes, et la Cour de Justice vérifie la juste interprétation des règles de ce vivre ensemble.

Il y aura toujours des mécontents et des conflits, mais une chose est certaine : notre Europe ne peut pas supporter la charge de nos mesquineries nationales, et elle ne peut pas remplacer nos responsabilités locales (nationales).

Pour notre malheur, nous vivons un sale climat, qui refroidit les cœurs et échauffe les esprits.

Certains citoyens, parfois mal informés, souvent conditionnés par les problèmes de leur propre Etat nation, pensent que l'Europe n'est pas ou plus démocratique.

En France, au sein même de l'Education nationale, ce discours est parfois tenu par des enseignants ! Un comble pour ces fonctionnaires qui ont la charge, à la fois humble et lourde, de donner des clés de compréhension aux citoyens les plus jeunes.

Ces erreurs de jugement ne sont pas les pires de nos maux et de nos mots. Des postures extrêmes affirment que non seulement la démocratie européenne n'existe pas, mais qu'il serait bien meilleur de remplacer "tout ça" par le retour d'un régime local (national) fort et facile à lire, qui imposerait sa loi suprême au reste du monde. Voyons-nous trembler la Chine, la Russie, et les Etats-Unis d'Amérique face à de telles envolées lyriques ?

Cet angle d'attaque basiquement anti-européen a montré ses limites : les députés britanniques se sont exclus eux-mêmes du système qu'ils accusent de tous les maux, faute d'avoir voulu travailler à y contribuer en cherchant des solutions communes.

Oui, nous avons des problèmes très importants. Oui, nous avons accumulé les difficultés. Oui, nous avons du mal à rassembler ce qui est épars. La crise nous énerve, aiguise les appétits de pouvoir et inquiète les plus fragiles. Le réflexe du "moi je" - qu'il soit prétendant à la solution ou qu'il baisse les bras - devient la part la plus sensible du débat européen. 

Il ne suffit pas d'additionner les problèmes et les constats de crise pour parler sérieusement. Il ne suffit pas de quitter le navire pour voir émerger des solutions à la surface agitée des eaux. 

Nous sommes un peu comme l'aviateur, focalisé sur sa panne, que le Petit Prince rappelle à l'essentiel : "Je connais une planète où il y a un Monsieur cramoisi. Il n'a jamais respiré une fleur. Il n'a jamais regardé une étoile. Il n'a jamais aimé personne. Il n'a jamais rien fait d'autre que des additions. Et toute la journée il répète comme toi: "Je suis un homme sérieux ! Je suis un homme sérieux !" et ça le fait gonfler d'orgueil. Mais ce n'est pas un homme, c'est un champignon !"

Pour ne pas finir cramoisis comme des champignons, nous, citoyens, serions bien inspirés de ne pas oublier nos valeurs communes et les outils à notre disposition.

 

> Pour aller plus loin : le site internet de la Fondation Robert Schuman

 

 

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