La beauté, l'éternité, l'amour. Tout cela est gratuit et rare, au sens plein du terme.

Dans notre vie quotidienne, beaucoup de choses paraissent revenir régulièrement, s'imposant comme la vague sur le rivage. Nous avons l'impression que nous n'y pouvons rien, que nous devons subir. 

C'est le règne de la fréquence et de l'habitude : travailler, gagner de l'argent, se soumettre aux conventions sociales, composer avec des faux-semblants… Les exemples foisonnent.

Si nous nous laissons faire, cette surabondance peut nous coûter très cher. Energie inconsciemment déversée, sentiment que le temps nous échappe, excitation hasardeuse. Ces habitudes ont la vie dure, précisément parce qu'elles abondent. L'habitude, cette manière d'être ordinaire qui se vend bien, nous enlève toute originalité, toute expression de soi, toute forme de beauté, toute notion de rareté.

Dans l'affirmation "c'est plus fort que moi", Sartre dénichait la posture du salaud, et la nature de la mauvaise foi dont nos hypocrisies et nos modèles économiques se nourrissent, si nous n'y prenons garde.

Or, la vraie foi, en l'homme et en la vie, n'est-elle pas justement rare parce que gratuite ?

Si je travaille avec conscience, si ma source de revenu provient de cette conscience, si mes relations se nouent sincèrement, si l'amour que je porte est vrai, si je prends part à la composition de la famille dans laquelle j'ai aussi place, alors la rareté s'exprime enfin. Et, avec elle, la gratuité du don, de l'Etre, de la présence pure.

Tout cela prend du temps, requiert une conscience de soi. Toutes ces étoiles dans l'univers ! Laquelle suis-je ?

En espérant vivre, chaque jour, un peu de cette rareté, mieux vaut éviter de conclure. Comme d'habitude !